Interview avec Sera Amagi

À l'occasion de l'édition 2023 de la convention Japan Expo, Sera Amagi a pu faire embarquer les visiteurs à bord d'un voyage musical aux quatre coins du monde. Née à Los Angeles, la chanteuse et compositrice japonaise tire son inspiration de la diversité culturelle qui l'entoure ; sa musique s'inscrit ainsi dans le genre "ethnic-fantasy", très présent dans le domaine des RPG fantastiques japonais. Son travail l'a amenée à composer notamment pour Pop'n'Music à côté de ses créations originales ou de s'engager à l'internationale dans des œuvres caritatives.

Bonjour et bienvenue en France, enfin ! Nous avons vu que vous étiez dans l'embarras à cause d'une correspondance manquée… Comment vous sentez-vous depuis votre arrivée ?

Sera Amagi : Merci beaucoup ! Effectivement, j'ai dû faire escale à Istanbul.

Vous n'êtes pas trop fatigués ?

Sera Amagi : Ça va ! (rires) Depuis que je suis arrivée à Japan Expo, j'ai pu parler à des gens et vu que tout le monde est gentil, j'ai envie de pleurer. L'émotion est totale !

Comment vous êtes-vous préparés pour vos performance ici et qu'espérez-vous transmettre à votre public français ?

Sera Amagi : Je me suis longtemps demandé quelles chansons interpréter sur scène, puis j'ai choisi celle d'un animé : Fullmetal Alchemist. Je compte la remixer à ma manière, comme j'ai l'habitude de le faire. En plus de ça, je vais jouer des chansons originales inspirées de jeux vidéo, ou qui comptent des instruments traditionnels japonais. Mais vous savez, je m'intéresse à toutes les cultures du monde et aujourd'hui, en venant en France, je veux découvrir davantage la culture française et me familiariser avec mon public.

Où est-ce que vous puisez les inspirations pour vos chansons ?

Sera Amagi : Eh bien, tout d'abord, je réfléchis au thème pendant de longues heures et puis ça me vient naturellement, très souvent sous la douche ou en marchant dans la rue. C'est la mélodie qui me trouve d'elle-même.

Yuukineko : À contrario, l'inspiration me vient plutôt quand je suis sur mon ordinateur, concentré sur la musique. 

Vous collaborez justement ensemble depuis quelque temps ; diriez-vous que cela a enrichi votre univers ?

Yuukineko : Oui, bien sûr. D'ailleurs, ça nous arrive souvent de confronter nos idées. Mais dans ces moments-là, on pense au bien de la chanson plutôt qu'à nos propres envies. On trouve des moyens de s'arranger.

Sera Amagi : Exactement, on fait des compromis. On travaille comme ça depuis des années.

Puisque votre musique s'inspire des RPG japonais, une question s'impose : quel est votre jeu vidéo préféré ?

Sera Amagi : Final Fantasy VII !

Yuukineko : C'est compliqué, j'ai du mal à en choisir un en particulier… Ce qui est sûr, c'est que Seiken Densetsu sur Gameboy est celui qui m'a donné envie de composer pour les jeux vidéo.

Est-ce vous aimeriez travailler sur des génériques d'anime ou des chansons de jeux vidéo et si oui lesquels en particulier ?

Sera Amagi : Oui, et aussi bien en tant que chanteuse ou musicienne. J'aimerais participer à la saga Final Fantasy. Si jamais un jour en France vous avez l'occasion de créer une série animée ou un jeu, sachez que je suis disponible pour travailler avec vous ! Je ferais une musique de qualité.

Vous avez déjà 5 albums à votre actif. Est-ce qu'il y a des chansons que vous conseilleriez en particulier ?

Sera Amagi : Je voudrais recommander une chanson issue de mon dernier album, vendu sous forme de clé USB : Umareta imi wa watashi ga kimeru (en français : La raison pour laquelle je suis né-e.) Cette musique, je l'ai avant tout créée pour les plus jeunes.

Est-ce qu'il y a des thèmes récurrents dans vos chansons ? Ou des histoires que vous racontez à travers la musique ?

Sera Amagi : Comme vous l'avez compris, le thème principal reste les différentes cultures du monde entier. Mon but premier est que chaque pays puisse vivre en paix avec les autres. Chaque chanson a sa propre histoire et ses propres personnages principaux, qui diffèrent suivant les titres. Des mangaka japonais m'ont déjà demandé de créer un son pour eux et de raconter l'histoire du manga.

Avez-vous un exemple ?

Sera Amagi : Oui mais ce n'est pas très connu. J'ai conçu la chanson WING pour le mangaka Nozaki Ayu et la chanson Ranpu no Hi pour le mangaka Chiyo.

Durant Japan Expo, je vais aussi interpréter une chanson dont j'ai écrit l'histoire, les paroles et la mélodie moi-même. Cela fait penser à du rock japonais. C'est l'histoire d'un démon renard qui exauce les vœux. Plus les offrandes qu'on lui fait sont importantes, plus la taille du vœu augmente.

Un jour, un enfant lui donne du Abura-age (ndlr : un bloc de tofu frit) et voit son souhait exaucé. Des années plus tard, c'est en homme qu'il revient chercher le démon renard. Il lui demande cette fois-ci un pays tout entier et le renard exige donc en contrepartie ce qu'il a de plus important. L'homme pense à sa femme et ses enfants, mais le démon renard lui révèle que c'est sa propre vie qui revêt de l'importance. Le renard tue l'homme et, meurtri par le chagrin, il disparaît. D'où le titre de la chanson : le jour où le renard a disparu.

Est-ce que vous faites vous-mêmes les illustrations de vos vidéos ?

Sera Amagi :  Ça dépend. J'ai fait celle de la chanson sur le renard, par exemple. Autrement, je fais appel à un illustrateur.

Quels sont vos projets à venir ?

Sera Amagi : Je n'ai pas de projet en particulier mais j'aimerais beaucoup travailler sur des animés, des films ou des jeux vidéo. Sinon, j'œuvre aussi beaucoup dans tout ce qui est caritatif (le droit humain, l'environnement) et je veux accentuer cette activité-là.

Oh, et c'est un peu anecdotique mais… (rires) j'ai croisé un couple avec des guitares sur le dos à l'aéroport Charles de Gaulle. En leur parlant, j'ai appris qu'ils vont bientôt se rendre au Japon donc je souhaite les écouter quand ils y seront.

Et pourquoi pas tenter une collaboration avec eux aussi ?

Sera Amagi : (en anglais) Oui ! Je veux absolument le faire ! (rires)

Avez-vous un dernier mot pour la fin ?

Yuukineko : À l'avenir, nous allons essayer de faire des sons moins traditionnels. Si nous faisons des chansons plus modernes, alors nous voudrions que toutes les personnes qui nous écoutent se lancent des nouveaux défis aussi.

Sera Amagi : Je chante pour la paix, alors j'aimerais que face à la musique nos différences s'effacent pour qu'on cohabite chacun main dans la main.

JaME tient à remercier Sera Amagi et son guitariste Yuukineko pour cette opportunité d'interview.