Interview avec Masumi Ako
JaME s'est entretenu avec Masumi Ako, une jeune auteure-compositrice et interprète pop/folk, qui vient de s'installer en France pour tenter une carrière en Europe
La chanteuse, parolière et compositrice Masumi Ako a vu sa carrière décoller rapidement depuis ses débuts musicaux à l'âge de 22 ans. Par sa voix envoûtante et sa présence scénique, Masumi Ako va rapidement gagner les faveurs du public comme des professionnels. C'est ainsi qu'elle va gagner de nombreux prix comme le prix du public lors du Yamaha Song Contest organisé par Sony en 2010 ou encore le Music Mon Excellence Award en 2011.
En 2015, elle est répérée par le célèbre bassiste Seiji Kameda [bassiste de Tokyo Jihen] qui conseille l'une de ses chansons à ses fans sur son site web officiel. La même année, elle participe au télécrochet à succès de TBS : "Sing,Sing,Sing" au cours duquel elle obtient à nouveau un grand succès auprès du public et parvient à se hisser en finale. En outre, ses chansons sont choisies pour faire office de bande-son pour diverses émissions radio et TV notamment récemment, avec les chansons "les couleurs d'automne" et "Prends-moi la main" qu'elle interprète pour illustrer le drama à succès de TV Osaka: "Chokotto Kyôto ni sundemita"( (ちょこっと京都に住んでみた。) [J'ai essayé de vivre un peu à Kyôto] diffusé depuis le 29 décembre dernier.
C'est donc avec un grand plaisir, malgré le mauvais temps, que nous retrouvons Masumi Ako en ce dimanche 8 mars 2020 au salon de thé/librairie WH Smith situé au 248 rue de Rivoli, dans le 1er arrondissement de Paris, pour en savoir davantage sur sa carrière musicale, ses influences ainsi que sur ses projets.
Bonjour Masumi ! Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Masumi : Bien sûr ! Salut tout le monde ! Je m’appelle Masumi Ako, je suis une auteure-compositrice et interprète de chansons et suis originaire de Miyazaki, au Japon. Je viens d’emménager à Paris. Mes genres musicaux préférés sont le country, le folk, le rock, la surf music et la J-pop.
Et quelles sont vos principales influences musicales ?
Masumi : En fait, quand j'ai commencé la musique, mon truc c’était la musique américaine, la musique country et le folk. J'adorais Sherryl Crow et Jewel, par exemple. Ce sont de loin mes chanteuses préférées.
Et qu'en est-il de la musique française ? Connaissez-vous et aimez-vous certains artistes français ?
Masumi : Pas particulièrement, mais j'aime Zaz et la musique nostalgique en général, comme celle qu’on entend dans les chansons de Françoise Hardy.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire de la musique en premier lieu ? Avez-vous toujours voulu être chanteuse ? Avez-vous été inspirée par un(e) artiste ou un groupe que vous aimiez quand vous étiez plus jeune ?
Masumi : Je fais de la musique pour partager des sentiments communs comme l'amour, la tristesse, le bonheur. Communiquer à travers la musique facilite beaucoup le partage de ces sentiments. Je ne pensais pas devenir chanteuse, mais composer de la musique devenait une partie de ma vie, alors c’est ce que j’ai continué à faire. Je me suis inspirée de nombreux chanteurs au Japon, Tamio Okuda, Koji Tamaki , Chihiro Onitsuka etc.
Et pourriez-vous nous en dire un peu plus sur vos propres chansons ?
Masumi : J'essaie de créer des chansons qui me semblent personnelles, des chansons qui génèrent une certaine empathie entre le public et moi. Quand je compose une chanson, c'est comme si je l'écrivais spécialement pour ceux qui me sont proches : mes meilleurs amis, ma maman, etc ...
Et nous avons appris qu'au cours de votre carrière, vous avez été séparée de ces personnes à certains moments de votre vie. Par exemple, lorsque vous étiez au lycée aux États-Unis. Comment s’est passée cette expérience ?
Masumi : En effet. Au début, c'était difficile, car je n'avais que 16 ans et je ne parlais pas beaucoup anglais. Ce n'était pas facile pour moi de me faire des amis ou de tisser des liens avec ma famille d'accueil, parce que nous ne pouvions pas vraiment communiquer. Quant à la musique, j'ai rejoint une classe de chorale pendant que j'étais là-bas. J'étais incroyablement timide au début, mais quand j'ai commencé à chanter, les gens ont été surpris que ma voix soit si différente de celle qu'on entend quand je parle. Peu à peu, j'ai commencé à prendre confiance en moi et au final ce fut une très belle expérience !
En 2010, vous êtes rentrée au Japon et les choses se sont accélérées à partir de là. Vous avez joué de nombreux concerts, mais vous avez surtout remporté les auditions du Yamaha Song Contest, un concours organisé par SONY, ainsi que le prix du public. De plus, vous avez sorti votre premier mini-album : LIFE. Comment avez-vous vécu cette période ?
Masumi : J'avais déjà 22 ans quand j'ai commencé à faire de la musique, mais je n'avais aucune expérience en ce qui concerne le chant. De plus, je ne jouais ni guitare, ni piano. Bien sûr, je ne pouvais pas non plus composer. Tout était nouveau pour moi. Juste après avoir commencé ma carrière d'artiste musical, plusieurs labels comme SONY et YAMAHA se sont intéressés à moi. Mais je n'étais pas prête à faire quelque chose de nouveau. Pour être honnête, j'étais en quelque sorte terrifiée à l'époque !
De plus, peu de temps après, vous avez envoyé une de vos démos à Seiji Kameda, le célèbre bassiste japonais qui a travaillé avec Shiina Ringo, [d'abord sur ses albums solo, puis avec son groupe Tokyo Jihen] qui a recommandé à ses fans d'écouter vos chansons sur son site Internet. Comment ça s’est passé ?
Masumi : Oui ! Tout a commencé lorsque je lui ai envoyé ma démo. Il a choisi ma chanson Anata no soba de. J'étais vraiment contente mais j'étais sûre que ma chanson allait être choisie parce que beaucoup de fans aimaient cette musique. J'étais confiante.
En parlant de Seiji Kameda, lorsqu'on lui a demandé de décrire votre musique, il a dit que vous aviez "une voix qui ressemble au confort maternel, pleine de la chaleur que la musique pop a tendance à oublier".
Masumi : Encore aujourd’hui, beaucoup de gens continuent de m'en parler. J'étais tellement contente quand il m'a dit ça !
Et n'oublions pas que votre musique a été sélectionnée pour figurer dans plusieurs programmes de télévision et de radio. De plus, vous avez même été chargée d'interpréter des chansons pour un feuilleton télévisé populaire appelé "Chokotto Kyoto ni sundemita" [J'ai vécu un peu à Kyoto] diffusé sur TV Osaka, n’est-ce pas ?
Masumi : Oui, j'ai envoyé deux démos à un producteur et il les a aimées, c’est pour cela que les chansons ont été choisies pour figurer dans la série. Je me sens vraiment chanceuse !
Dans ce drama, on peut même vous entendre chanter deux chansons en français ...
Masumi : Ce qui a été vraiment difficile, en fait. Je ne sais pas parler français moi-même, mais le producteur voulait vraiment que je chante en français, probablement pour créer une atmosphère française. Je ne sais pas ... Pour m’y préparer, j'ai travaillé avec un ami français. Il m'a coaché pour que je puisse prononcer correctement les paroles.
En parlant de cela, vous avez récemment déménagé à Paris, en France. Pourquoi ?
Masumi : C'est vrai, j'ai récemment déménagé de Tokyo pour m’installer ici et j'ai l'intention d’y rester environ un an. Pour l'instant Paris est un peu sombre mais je ressens un sentiment de liberté depuis que j'ai emménagé ici. Au Japon, tout est minutieusement planifié et pensé. Les Français me paraissent plus spontanés et flexibles, j'aime ça ! De plus, j'ai l'impression que la France est au cœur de l'Europe et qu'en vivant ici, je peux facilement voyager en Angleterre, en Espagne ou dans tous les pays que j'ai envie d'explorer. L'Europe a une excellente musique, en particulier l'Angleterre. Dernièrement, j'aime écouter cette chanteuse écossaise appelée KT Tunstall. Elle est impressionnante !
A contrario, ces derniers temps, la musique américaine ne me semble pas très originale.
Est-il plus difficile pour vous de trouver des contacts dans l'industrie musicale ici en Europe ?
Masumi : Oui ! D'abord parce que je ne parle pas français. Deuxièmement, il n'y a pas beaucoup de live houses par rapport à Tokyo, j'ai donc du mal à trouver des endroits où chanter ici. En dehors de cela, ça ne m’intéresse pas tellement de faire partie d’une production ou d’un label, donc sur ce point, ça me va.
Avez-vous déjà joué sur scène ici ?
Masumi : En fait, j’ai récemment joué lors d’un concert donné par deux amis américains dans un bar d’une banlieue parisienne [le concert eut lieu au bar «BNB» à Ivry sur Seine le 6 mars 2020, ndlr]. Ils s’appellent Karen & Gil et ils m'ont été présentés par ma famille d'accueil américaine, à l'époque où je vivais aux États-Unis. J'ai chanté deux de mes chansons japonaises originales, ce fut une belle expérience. Le public a vraiment aimé !
Envisagez-vous de distribuer votre musique en France et en Europe ?
Masumi: Oui. Comme je suis indépendante, je peux tout faire.
Ce serait formidable ! Et comment nos lecteurs peuvent-ils écouter et acheter votre musique ?
Masumi : Vous pouvez la télécharger via plusieurs plateformes musicales comme iTunes. Sur celles-ci, vous y trouverez mes chansons et si vous visitez mon site Web, je peux vous les envoyer directement. Vous pouvez également consulter ma chaîne YouTube où vous trouverez tous les liens dont vous avez besoin. Je suis sur Facebook, Twitter, Instagram… presque tous les réseaux sociaux.
Avez-vous un message particulier pour les lecteurs de JaME ?
Masumi : Venez découvrir ma musique et assister à mes concerts !
JaME tient à remercier Masumi Ako pour cette interview.